[App] Quand l’Internet se manifeste [V1]

Le 11 mars 2011

(Re)découvrez l'histoire de l'Internet à travers ses manifestes, chartes, déclarations, présentées dans une timeline interactive.

Certains y verront une preuve supplémentaire de l’ampleur de l’impact de l’Internet : depuis que le réseau est apparu, avant même que le terme Internet n’entre dans les usages, de nombreux usagers ont éprouvé le besoin d’écrire des textes pour encadrer ce nouvel espace et indiquer dans quelle direction il fallait l’orienter, esquissant chacun une vision du Net. Curieusement, le Minitel ne semble pas avoir eu cet honneur.

Les petits cons d’OWNI, conscients qu’il y avait un Internet avant eux, ont voulu les rassembler. L’objectif n’était pas de sélectionner les textes fondateurs mais au contraire d’en accumuler un maximum et de les intégrer dans une timeline, indiquant leur(s) thème(s) principal(aux), les auteurs, le pays d’origine et une présentation synthétique s’appuyant, dans la mesure du possible sur un entretien avec leur(s) auteur(s). Sur la forme, nous avons le choix de ne retenir que les textes dont la réflexion s’articule autour de l’Internet ou y trouve un écho significatif.

In fine, l’ambition de ce projet, c’est bien de raconter l’histoire de l’Internet à travers ce panorama : dans quelle mesure chacun se fait l’écho du contexte d’alors ? Ces préoccupations sont-elles toujours d’actualité ?

« Internet est notre société,

notre société est Internet »

Libertés numériques. Depuis trente ans, les internautes répètent la nécessité de défendre un Internet libre, face aux tentatives de régulation, c’est même leur première raison, historiquement, de publier ce genre de texte. Triste constat, doublé d’un autre : de « Towards an electronic bill of rights » (1981, États-Unis) jusqu’au « Manifeste “en défense des droits fondamentaux sur Internet” » (Espagne, 2009) en passant par le « Manifeste du web indépendant » (France, 1997), les internautes chinois n’ont pas le monopole de la défense des libertés numériques.

Hacker. Communauté fondatrice de l’Internet, les hackers ont été parmi les premiers à prendre position pour défendre ce nouvel espace de liberté qu’est le réseau. Rassembler leur production sur le sujet, c’est s’aventurer dans une faune parfois borderline aux noms obscurs pour les profanes, cypherpunks et autres crypto-anarchistes.

Économie. Comme l’Internet se diffuse, il devient un terrain de business. On voit alors apparaître des textes soulignant la nécessité de s’adapter à ce nouveau terrain, voire d’y aller tout court, tant il a suscité des frilosités dans un premier temps. C’est par exemple le fameux « Cluetrain manifesto » ou « Manifeste des évidences » (États-Unis), qui demeure une référence bien qu’il ait été publié en 1999. Depuis plus de dix ans, les « évidences » qu’il déroule dans ses thèses ne le sont toujours pas pour certains, comme en témoigne la difficulté des marques à communiquer sur les réseaux sociaux.

Société. « Internet est notre société, notre société est Internet » affirme « Un Manifeste » (2010, Allemagne). Devenu mainstream, Internet modifie, voire bouleverse certains domaines. Une partie des textes s’attache ainsi à décrire ces changements sur un secteur en particulier. Le « Healthtrain manifesto » (États-Unis, 2006) évoquait ainsi les mutations de la santé, en faisant au passage un clin d’Å“il au « Cluetrain manifesto ».

Technique. Internet ne se nourrit pas uniquement de grands principes. Son architecture et ses infrastructures sont autant de paramètres à prendre en compte pour mettre en place lesdits principes. Le « Manifeste de l’Arche » ne décorelle pas son analyse économique des « NTIC » des aspects pragmatiques, appelant au développement des « autoroutes de l’information ».

Cette première version comprend une trentaine de textes. Le tropisme américain devrait se confirmer : Internet est né aux États-Unis et les libertés numériques sont vite devenues un cheval de bataille, en vertu du premier amendement. Ainsi, c’est en leur nom qu’est née en 1990 l’Electronic Frontier Foundation (EFF). En revanche, l’importance des écrits d’origine française doit être relativisée. Cela fait partie des axes de recherche de la V2 d’aller chercher des textes en espagnol, en russe, en arabe… L’essor de l’Internet est tel qu’on peut parier sans trop se mouiller que la littérature est abondante hors États-Unis et Europe.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que les auteurs soient aussi bien des grandes figures de l’Internet, à l’image d’un John Perry Barlow, fondateur de l’EFF et auteur de la déclaration d’indépendance du cyberespace, que des internautes anonymes, comme Didier Lebrun, cet habitant du Tarn-et-Garonne auteur du « Manifeste du Rural Area Network » (France, 1995). Un des apports majeurs de l’Internet, c’est d’avoir permis à tout un chacun de publier des textes et surtout de les rendre facilement accessibles, même quinze ans après leur parution.

Régulièrement, en fonction des retours et de nos découvertes, cette timeline sera mise à jour par paquets, et un ebook devrait voir le jour. Si vous voulez signaler un texte, écrivez à sabine@owni.fr :) Pour éviter de recevoir des textes déjà repérés mais pas encore synthétisés, nous les avons quand même inclus. N’oubliez pas que cette timeline n’intègre que des manifestes, déclarations, chartes, etc. Lorsqu’elle sera beaucoup plus complète, sa présentation sera encore plus éditorialisée, en la découpant par « tranche » historiquement significative. Si le code le permet /-)

Comme vous pourrez le constater, certains textes n’ont pas été traduits. Nous lançons du coup un appel à bonne volonté pour corriger ce point :)

Textes : Sabine Blanc, avec la relecture attentive de Jean-Marc “j’ai connu le Minitel” Manach, Claire Berthélémy, Pierre Alonso, Ophélia Noor et Andréa Fradin.

Développement : Julien Kirch

Design app Marion Boucharlat

Une : Elsa Secco pour OWNI

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