OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Egypte: silence radio pour les Coptes http://owni.fr/2011/02/13/egypte-silence-radio-pour-les-coptes/ http://owni.fr/2011/02/13/egypte-silence-radio-pour-les-coptes/#comments Sat, 12 Feb 2011 23:36:52 +0000 Anne-Marie Gustave http://owni.fr/?p=46261 Publié avant la chute du régime d’Hosni Moubarak, cet article revient sur la situation des coptes en Egypte après les attentats dont leur communauté a été victime à la fin de l’année 2010.

Seules quelques webradios et quelques télévisions satellitaires permettent aux Coptes de s’exprimer en Egypte. Car les onze chaînes de télé hertziennes et les vingt radios FM, aux ordres du gouvernement, ne s’adressent qu’aux musulmans. Mais l’attentat du 31 décembre et la peur du terrorisme pourraient bien rapprocher les deux communautés.

Le 6 janvier, à 22 heures, la messe de Noël vient de se terminer. En plein cœur du Caire, les Coptes quittent en silence l’église Kasr el-Doubara, protégée par des barrières, une ribambelle de policiers et un portique de sécurité. Depuis l’attentat du 31 décembre (vingt et une person­nes tuées, cinquante blessées) à Alexandrie, haut lieu de l’histoire copte, l’heure est au recueillement et à la prudence.

Les fidèles ren­trent vite chez eux, car la rumeur annonce des échauffourées dans un quartier pro­che, mais aussi parce qu’ils veulent voir, sur la deuxième chaîne de la télévision d’Etat, le maigre visage de leur patriarche, Chenouda III, célébrant une messe en la cathédra­le d’Abbassiya. L’événement ne se produit que deux fois l’an, à Noël et à Pâ­ques.

Nous, les Coptes, dit une femme qui sort de l’office, représentons entre 7 % et 10 % de la popu­lation, mais nous sommes discriminés dans la vie quotidienne comme dans les médias. C’est grave parce qu’ainsi les musulmans ne nous connaissent pas.

L’information supervisée par un colonel de l’armée

Aucune des onze chaînes de télévision ou des vingt stations FM de l’Ertu (Egyptian Radio and Television Union), toutes contrôlées par le gouvernement, ne laisse de place aux Coptes, alors que les prédications des imams sont diffusées chaque jour sur les écrans, et les versets du livre sacré de l’islam livrés en continu sur Radio Coran. Ce traitement s’ajoute au manque cruel de liberté éditoriale. Il y a encore deux ans, l’Ertu était dirigée par un colonel. Un ingénieur a pris sa place. Le ministre de l’Information y a ­installé ses bureaux. L’un de ses hommes supervise toute l’info.

Chez nous, explique un journaliste d’une radio du gouvernement qui veut rester anonyme, comme tous nos interlocuteurs, les journalistes n’écrivent pas leurs textes. Ils lisent ceux rédigés par des fonction­naires d’Etat et obéissent aux ordres. Comme ils n’ont pas reçu de consignes au moment de l’attentat de l’église copte, ils n’en ont pas parlé ou seulement pour dire “c’est lamentable, c’est affreux, il faut rester solidaire”. Sur nos ondes, il n’y a pas de débat, pas d’analyse, juste des messages de tolérance qui passent en boucle et répètent : “Depuis toujours, les Egyptiens sont frères et sœurs et vivent en parfaite harmonie.

Une de ses collègues de la télévision d’Etat s’insurge :

Une personne contrô­le l’info de toutes les chaînes. Elle prend ses ordres auprès du ministre et nous dit : aujourd’hui on par­le de ceci, demain, de cela. On nous demande le nom de nos invités et les questions qu’on va leur poser. On nous impose des directives et des messages. Concernant l’attentat d’Alexandrie, le message est : tout le monde condamne. En général, lorsqu’il y a des problèmes religieux, on nous demande de ne pas en parler. Les Egyptiens ont compris. Ils ne nous font plus confiance. Ils nous regardent pour les films et la musique. Pour le reste, ils se branchent sur Al Jazeera. Pour les faire revenir, notre direction investit des sommes colossales, dans les studios et des décors somptueux. Ça ne change rien, bien sûr. Les journalistes qui ont un peu le sens de l’honneur dépriment.

Devant cette désinformation organisée, les Egyptiens n’ont guère le choix, d’autant que les médias publics internationaux, comme RFI par exemple, et les stations privées religieuses, même musulma­nes, sont interdits en hertzien. Du coup, ils s’équipent : 99 % de la population possèdent une antenne parabolique, 95 % Internet.

L’oxygène des webradios et de la télévision par satellite

Ainsi, les Coptes ont trouvé leurs moyens de communication : des webradios basées à l’étranger et des télévisions par satellite installées dans les grandes villes égyptiennes. Elles sont tolérées dans la mesure où elles respectent un code de bonne conduite : les chaînes confessionnelles peuvent parler de leur religion, mais pas de celle d’autrui et surtout pas de politique. Enfin, elles ne sont pas autorisées à filmer hors de leurs studios et de leurs églises. Pour réaliser des reportages dans la rue, elles doivent demander une autorisation au bureau de la sécurité de l’Etat, situé au premier étage de l’Ertu. Et ça peut prendre des semaines. En novembre dernier, vingt télés satellitaires ont été interdites parce qu’elles ont critiqué le président Moubarak et l’Islam.

Animées par le seul message chrétien, les télés satellitaires coptes vivent de dons ou de la générosité de particuliers fortunés.

Au moment de l’attentat, nous avons fait du direct pour soutenir la foi des téléspectateurs, parler de l’événement du point de vue de l’Eglise. C’était l’occasion de montrer que Dieu peut soigner les blessures, raconte une journaliste d’une chaîne copte. On a diffusé des interviews d’artistes et de responsables religieux, toutes confessions confondues, mais aussi des reportages réalisés dans les églises et les hôpitaux. On a aussi organisé un concert avec des chants chrétiens qui parlent de l’Egypte. C’était la première fois que l’on sentait les musulmans compatir et sympathiser avec nous… En fait, le gouvernement égyptien ne nous donne pas plus de libertés parce qu’il a peur de la réaction des fondamentalistes.

Un confrère d’une autre télévision copte satellitaire ajoute :

Nous n’attendons pas que le gouvernement nous demande d’être modérés. Le 31 décembre, nos équi­pes étaient dans l’église des Saints d’Alexandrie. Nous avons diffusé toutes les images, les blessés, les morts. Ce sont les téléspectateurs qui nous ont suggéré de passer des re­portages moins violents.

L’an dernier, cette chaîne a lancé des débats interreligieux avec les musulmans :

Ces derniers apprécient, ça marche bien. Petit à petit, les choses avancent. Personnellement, je suis optimiste, cet attentat va faire réfléchir. Dans quelques mois, il y aura davantage de place pour les Coptes dans les médias et les écoles. Déjà, le ministre de l’Enseignement a promis de changer tous les manuels d’histoire. Ceux utilisés actuellement ne parlent pas de nous, alors que nous sommes à l’origine de ce pays et que notre langue est issue de l’Egypte ancienne. De l’obscurantisme pourrait sortir une lumière…

Depuis l’attentat, dans l’église Kasr el-Doubara, les Coptes organisent chaque jour des soirées de consolation. Ils prient, chantent et pleurent. Certains parlent de leur peur, affirment que le terrorisme les frappera ­encore (dix jours après l’attentat, un policier musulman déclenchait une fusillade meurtrière dans un train contre des chrétiens). D’autres font preuve d’optimisme. Au bord des larmes, une femme d’une quarantaine d’années hésite et dit d’une voix brisée : « Pendant la messe de minuit, des centaines de musulmans, cierge allumé à la main, ont entouré quelques-unes de nos églises. »

Des racines antiques.

A leur arrivée en Egypte, au VIIe siècle, les Arabes trouvent une importante population chrétienne, progressivement convertie à l’islam. Mais une partie des Coptes (mot formé sur le nom grec Aiguptios, « Egyptien ») conserveront leur religion et une connaissance de leur langue, issue de l’égyptien ancien. Aujourd’hui, une grande majorité est orthodoxe, mais il existe une minorité catholique. Entre 8 et 10 millions, soit environ 10 % de la population égyptienne, les Coptes forment la plus importante communauté de chrétiens d’Orient. Seuls 10 des 518 députés égyptiens sont coptes.
-


Article intialement paru le 24 janvier 2011, sur le site de Télérama n° 3184

-
Crédits images via Flickr : Sarah Carr [cc-by-nc-sa] ; Vanlyden [cc-by-nc-sa] ; Thomas Leplus [cc-by-nc-sa]

]]>
http://owni.fr/2011/02/13/egypte-silence-radio-pour-les-coptes/feed/ 1
Les territoires radiophoniques de l’analogique au numérique http://owni.fr/2010/10/11/brouillages-les-territoires-radiophoniques-de-lanalogique-au-numerique/ http://owni.fr/2010/10/11/brouillages-les-territoires-radiophoniques-de-lanalogique-au-numerique/#comments Mon, 11 Oct 2010 13:19:06 +0000 Samuel Ripault (Pali Meursault) http://owni.fr/?p=31029 Alors qu’il s’est assoupi pendant de longs mois, le laborieux débat français sur la radio numérique terrestre (RNT) ne va pas tarder à se réveiller… Espérons qu’il n’aura pas les yeux tout collés. C’est en effet pour les prochains jours/semaines que sont attendues les conclusions du troisième rapport sur la RNT commandé par l’actuel gouvernement, à l’ancien directeur de France Culture (entre autres titres) David Kessler. Avant que nous ne fassions un point plus pragmatique sur la situation politique, il nous a paru intéressant de diffuser une communication inédite de Samuel Ripault (Pali Meursault) prononcée au colloque “Vers la Post Radio” organisé par le GRER en 2009 à Paris. Brouillages – Les territoires radiophoniques de l’analogique au numérique déplace le débat du passage d’une technologie à une autre – en l’occurrence de l’Analogique des ondes modulées au Numérique aujourd’hui sur le web et peut-être un jour hertzien – sous l’angle inattendu des enjeux esthétiques et sociaux. Ce qui s’annonce avec l’abandon programmé de la FM, n’est-ce pas la fin de la radio comme espace public ?

Poser aujourd’hui la question de la radio numérique terrestre revient à interroger les usages d’un dispositif qui n’existe pas encore. Tâche d’autant plus ardue que, comme nous avons pu l’entendre au cours des discussions du présent colloque, ce que nous appelons “Radio” ne recouvre pas la même définition pour tout le monde, selon que l’on parle de dispositions techniques, de structuration légale ou de création sonore. En somme il s’agit de parler soit des modalités d’accès aux contenus radiophoniques, soit de la qualité radiophonique des contenus, mais il semble difficile d’avoir une vision transversale. À travers ces multiples points de vues aussi bien qu’à travers la multiplication des plateformes, il n’est pas garanti que l’avenir de la radio soit celui d’un seul dispositif médiatique, dont l’homogénéité serait maintenue par l’idée d’une “radio augmentée”, qui préserverait nos habitudes d’usagers de la radiodiffusion tout en empruntant à l’Internet ses possibilités multimédias et hypertextuelles.

Aussi, afin de comprendre les enjeux que recouvrent les mutations actuelles de la radio, il me semble important de commencer par interroger les paradigmes et les discours qui structurent, en deux dispositifs distincts et en deux manières de concevoir la communication médiatique, d’un côté, la radio analogique et, de l’autre, les réseaux numériques, plus précisément, la Radio FM et le Web.

Radio-instrument

La migration de la radiodiffusion vers le numérique ne constitue pas seulement un apport de nouvelles possibilités en terme d’accès à des contenus, mais signe aussi la disparition d’un ensemble d’éléments qui caractérisent la transmission analogique : brouillages, parasites, espaces laissés en friche sur les bandes de fréquences, versatilité de la captation hertzienne… Autant de particularités qui, tout en pouvant être considérées comme inutiles pour l’accès à des programmes, n’en constituent pas moins une part importante de la radio que nous connaissons. Autant de particularités qui, sans aucun doute, auront imprimé leur marque, tant sur nos usages d’auditeurs que sur notre “imaginaire radiophonique”.

Les progrès de la technologie analogique ont permis, dans une certaine mesure, de masquer ces perturbations indésirables, mais peut-être sans jamais nous ôter tout à fait de la tête que la radio, c’est quelque chose qui commence par grésiller. En parallèle de cette histoire-là, les artistes et les musiciens du 20e siècle se sont réapproprié la radio : non seulement en tant que dispositif de diffusion et de productions sonores, mais aussi en faisant du poste récepteur lui-même un véritable instrument, avec sa “gamme” particulière. Au début des années 50, la démocratisation du transistor ayant rendu les postes plus faciles à manipuler, ceux-ci trouvèrent leur place dans les orchestres de John Cage ou de Karlheinz Stockhausen, les sources sonores radiophoniques devenant une matière à part entière, voix ou parasites au même titre, réunis dans une même plasticité.

Cette “plasticité” particulière de la radio-instrument ne constitue pas la simple introduction d’un nouveau registre de bruits électroacoustiques dans la musique : à travers la captation radio, c’est d’abord un nouveau registre de gestes musicaux que Stockhausen introduit dans les partitions de pièces comme Spiral ou Kurzwellen, avec l’intention de développer un rapport “intuitif” à l’interprétation. De même, chez Cage, ce sont les possibilités d’aléatoire qui motivent son utilisation de la radio. Il l’explique dès 1951, à propos de sa pièce pour radio de 1951, Imaginary Landscape No.4, par la possibilité d’aller plus loin dans sa recherche sur l’indétermination qu’il n’avait pu le faire dans Music of Changes.

Matière radiophonique

Si la radio-instrument a perduré dans la musique contemporaine, en véhiculant une esthétique particulière liée au brouillages et aux bruits parasites, elle témoigne également d’usages fondamentalement extra-documentaires du dispositif radiophonique, et rendus possibles par le médium radio lui-même. Autrement dit, des usages de la radio qui ne soient pas réductibles à la seule question des contenus radiophoniques et de leurs modalités d’accès. L’approche musicale du médium radio dans la musique contemporaine nous engage, plus largement, à considérer la diversité de la matière radiophonique. Ainsi, chez Cage, brouillages et programmes, au plus près de la réalité physique de la technologie hertzienne, sont les variations d’intensité d’un signal, et deviennent, dans la composition, les variétés de registre de la radio-instrument.

Plus récemment, des musiciens comme Keith Rowe ou Lionel Marchetti ont repris à leur compte cet usage musical de la radio, explorant les ondes afin de créer des paysages fictifs, peuplés de voix fugitives, brouillées ou incertaines, captées au hasard d’un moment . Il ne s’agit plus ici de venir perturber les règles classiques de la composition ou de l’interprétation, mais de solliciter une dimension dramatique, esthétique et poétique de l’écoute radiophonique, qui est déjà présente dans nos usages et ancrée dans nos cultures d’auditeurs, et que viennent solliciter les compositions de Marchetti ou les improvisations de Rowe. De fait, nul besoin d’être musicien pour avoir fait l’expérience d’un tel usage de la radio, qui ait d’avantage à voir avec la dérive qu’avec la consultation d’un programme : on s’est déjà tous amusé à suivre les modulations du signal, comme on visiterait un espace à la fois familier et imprévisible au gré des fréquences, que se soit par plaisir, pour tester le matériel ou pour jouer au blind-test…

S’il reste légitime de définir la radio à travers ses programmen frichees et ses contenus médiatiques plutôt qu’à travers les imperfections de la transmission hertzienne, l’absence de brouillage dans les modalités d’accès aux médias numériques permet cependant de faire une distinction entre la captation d’un signal par la radio analogique et la consultation d’un contenu, qui s’apparente d’avantage à nos usages documentaires des réseaux numériques. Cette première différenciation entre deux modes de réception médiatique, deux dispositifs qui tout en pouvant véhiculer un contenu identique impliquent des usages spécifiques, va nous permettre de distinguer, entre la radio analogique et les réseaux numériques du Web, deux manières de structurer l’espace de la communication médiatique et deux manières d’y “naviguer”.

Le paysage de la radio analogique

Au-delà d’une pièce qui, par nature, n’est jamais deux fois la même, la reprise d‘Imaginary Landscape No.4 plus de 50 ans après sa création révèle les transformations plus générales du paysage technologique, médiatique et social : les radios ne diffusent plus la même chose et plus de la même manière. C’est peut-être ce terme de “paysage”, tel qu’il apparaît dans le titre même de la pièce de Cage, qui permet le mieux de qualifier l’espace médiatique de la radio analogique.

Les partitions de Cage pour Imaginary Landscape No.4, Speech ou Radio Music reposent sur l’aléatoire de la captation, utilisant voix, bribes musicales ou perturbations électrostatiques au même titre, et le “paysage imaginaire” se dessine au gré du parcours hasardeux des interprètes parmi les voix, bribes musicales ou perturbations présentes sur la bande. Avec l’exemple de ces pièces, on peut se représenter la bande des fréquences radios comme une étendue continue, dont les variations d’intensité du signal constituent les reliefs. Ici, l’interface du dispositif technologique, sous la forme de la molette du tuner, devient le véhicule qui nous permet de nous déplacer dans le paysage radiophonique : de se promener au fil des fréquences ou de rejoindre le “lieu” particulier d’une station de radio.

L’espace médiatique de la radio analogique a donc sa consistance géographique particulière, elle-même fluctuante en fonction de notre position dans l’espace réel. Essentiellement, le paysage radiophonique que nous connaissons se dessine par une succession de vides et de pleins, signal ou absence de signal, mais il s’agit d’abord d’un espace concret, qui existe avant tout comme l’étendue des longueurs d’ondes : un espace vierge au sein duquel l’enjeu territorial apparaît au moment de sa colonisation par les signaux radiophoniques. De fait, les zones de brouillages, les espaces vides de la radio analogique ne sont pas du “rien” mais plutôt, à proprement parler, des espaces “en friche” dans le territoire radiophonique.

L’assemblage des documents numériques

Depuis longtemps, nous sommes habitués aux discours de promotion du Web, qui nous invitent à naviguer et à “surfer”. À y regarder de plus près, pourtant, cette représentation spatiale masque une toute autre structure des médias en ligne. Contrairement au paysage des fréquences radios, il n’est pas possible d’imaginer sur le Web un espace vide, une friche qui ne comporterait pas de données, car la navigation en ligne ne consiste pas à se déplacer sur la surface des disques durs, mais bien à appeler et à afficher successivement des documents sur son ordinateur. De ce point de vue, la navigation en ligne peut être comprise comme un usage strictement documentaire. Certains sociologues placent d’ailleurs cette “hypothèse documentaire” à la base de l’analyse des usages et des interactions en ligne . Dès lors, le réseau des données numériques accessible par le Web ne se représente pas tant comme un territoire ou un paysage que comme un assemblage, formé par la juxtaposition de contenus documentaires interconnectés, et que nous sollicitons successivement. Sa réalité géographique – ou peut-être “a-géographique” – a ainsi d’avantage à voir avec l’empilement vertical des listes de références des moteurs de recherche qu’avec la continuité horizontale de la bande des fréquences hertziennes.

D’avantage, ce qui distingue ces deux espaces c’est que, là où l’espace concret de la radio analogique préexiste à son occupation par les signaux, l’espace virtuel des contenus documentaires en réseau est constitué par les documents eux-même, et s’étend à chaque nouveau contenu mis en ligne. L’espace du réseau est ainsi virtuellement infini là où, fondamentalement, la bande des fréquences est un espace fini et contraint. À travers ces caractères spécifiques, les espaces médiatiques de la radio analogique et des réseaux numériques apparaissent comme deux représentations différentes du territoire, auxquelles correspondent différents modes d’organisation, de régulation des usages et d’exercice de l’autorité.

Un paysage politique

Le territoire analogique des ondes radio est à la fois continu dans l’espace, permanent dans le temps et variable en fonction du territoire réel. Comme celui-ci, il est aussi un espace fini et limité, et connaît ainsi des enjeux de structuration comparables : c’est-à-dire, en premier lieu, l’enjeu géopolitique de son occupation ou de son abandon, de son appropriation ou de son partage, de son découpage en zones communautaires ou privatisées.

En fonction des bandes de fréquences, l’espace radiophonique se structure selon des modes qui s’apparentent à ceux qui organisent nos espaces de vie en sphères publiques ou privées : espaces publics, partagés ou communautaires de la CB et des Ondes Courtes, espaces institutionnalisés ou privatisés des fréquences AM ou FM. Le paysage hertzien (c’est aussi valable pour la télévision) est à la fois économique dans la mesure où il se dessine en fonction des capacités d’accès aux technologies d’émissions, et politique dans la mesure où une autorité procède au partage du territoire médiatique et à son contrôle, à son découpage et à sa distribution en parcelles, adaptant ses outils législatifs en fonction des territoires réels couverts par chaque mode d’émission.

Cette structuration législative du territoire médiatique n’apparaît cependant pas d’emblée pour l’auditeur de la bande FM, qui peut, dans la mesure déterminée par les outils technologiques dont il dispose, accéder indifféremment à n’importe quel signal. Ici la captation radiophonique se distingue encore de la consultation du Web, qui implique éventuellement une confrontation avec le cadre légal dans le cas de sites réservés ou protégés, de contenus payants, de sites interdits aux mineurs, etc. Le cadre légal de la radio concerne seulement les producteurs des signaux émis, et c’est en se réappropriant les technologies d’émissions de manière artisanale que certains artistes permettent d’en mettre à jour les enjeux territoriaux.

La radio comme espace public

Ainsi, lorsque Tetsuo Kogawa ou John Duncan se réapproprient localement les bandes hertziennes de la radio FM ou de la télévision pour diffuser leur œuvres, ils viennent ainsi éprouver la consistance politique du dispositif médiatique, ils en font réapparaître les enjeux proprement territoriaux et la structuration légale. À Tokyo, au milieu des années 80, les diffusions de Duncan prenaient ainsi la place de la télévision nationale à la fin des programmes, au cours de performances limitées à l’échelle d’un quartier et ne dépassant jamais 12 minutes afin d’échapper à la police. De telles interventions se situent à la fois dans l’héritage activiste des Radios Libres et en filiation avec une histoire du happening : infiltrant simultanément l’espace public et l’espace médiatique. Avec elles, on est tenté de faire un parallèle entre les paradigmes qui structurent l’espace public et ceux qui composent le paysage des médias analogiques : d’un côté comme de l’autre s’établit une distinction claire entre la production de l’espace, qui se soumet à une autorité, et l’usage de ce même espace, qui est déterminé par une norme. Les diffusions pirates de Duncan ou la fabrication artisanale des micros-émetteurs de Kogawa  ne permettent de révéler et de questionner cette autorité que dans la mesure où elles sont, littéralement, des productions d’espaces, et font basculer l’usager du côté de la production.

Avec l’apparition des Radios Libres au milieu des années 70, la remise en cause de la constitution hégémonique du territoire radiophonique à travers les monopoles d’états comportait les mêmes enjeux de réappropriation des dispositifs de production médiatiques. Par la suite, la pensée libertaire qui animait les premières Radios Pirates s’est en quelque sorte dissolue dans la libéralisation de la bande FM, mais elle portait avant tout cette nécessité de réappropriation des moyens de production et de réouverture des espaces médiatiques que Duncan ou Kogawa ont ensuite repris à un niveau micro-politique.

Les histoires de Radio Alice à Bologne, puis de Radio Tomate à Paris, relèvent bien d’enjeux territoriaux : les incursions dans l’espace médiatique y sont inséparables des actions menées dans le territoire politique et social (occupations de l’espace public, squatts, manifestations…). Mais pour Félix Guattari et Franco Berardi, le “travail révolutionnaire des Radios Libres” était avant tout un processus de “déterritorialisation . Il ne s’agissait pas d’opposer une “contre-hégémonie au discours médiatique dominant ”, contenu contre contenu, mais de “provoquer le processus de déstructuration du système médiatique par la prolifération des sujets d’énonciation”. C’est-à-dire de substituer aux représentations monopolistiques ou privatisées du territoire une conception de la radio comme véritable espace public, dont une technologie démocratisée permet de se réapproprier les modalités d’accès.

À travers cette multiplication des sujets d’énonciation producteurs de l’espace médiatique, Berardi voit se dessiner, dans une perspective “rhizomatique”, la préfiguration de “la réalité techno-nomadique du réseau”. Au-delà de la différenciation entre deux dispositifs communiquant, il y aurait donc une filiation de l’un à l’autre : les réseaux numériques permettant d’occuper une position d’énonciation dans le territoire médiatique que la radio n’avait pas su offrir. Mais il reste à savoir comment les conditions d’exercice de l’autorité sur la production médiatique vont, à leur tour, se reterritorialiser dans le réseau, c’est-à-dire comment un nouveau paradigme technologique va se reconfigurer, déterminant la place et le statut de l’énonciation en ligne.

Internet ou la communication des sphères privées

Pour bien comprendre ce changement de discours, il est particulièrement intéressant de regarder du côté des mouvements activistes et subversifs. C’est en effet au fil de l’histoire qui va des Radios Libres à l’émergence des hacktivismes en ligne que la filiation apparaît le plus clairement. Une parenté directe qui a permis aux acteurs de ces mouvements de prendre la mesure des changements structurels et paradigmatiques du territoire médiatique, sans doute bien avant que les sphères institutionnelles ne se penchent sur le sujet.

Ainsi, les artistes du Critical Art Ensemble ont analysé dans leurs ouvrages manifestes parus au cours des années 1990 la manière dont, à son tour, le pouvoir devenait nomade, et se reterritorialisait dans la réalité fragmentaire du réseau. Pour eux, si les forteresses des pouvoirs traditionnels centralisés ont maintenues leur permanence symbolique, elles sont en réalité devenues des autorités diffuses et invisibles, s’incarnant dans un modèle organique. Les possibilités subversives d’infiltration de l’espace médiatique doivent elles aussi changer de forme, délaissant les champs de batailles du territoire radiophonique pour devenir des “virus” informatiques.

Dans les représentations idéalisantes qui viennent structurer le Web, l’enjeu n’est plus celui de la propriété du territoire médiatique, ni celui de la maîtrise des moyens de production. En reprenant l’hypothèse d’une constitution documentaire du Web, on peut avancer que le territoire médiatique du réseau se structure précisément sur la capacité de chacun à être un sujet énonciateur dans le réseau, c’est-à-dire à être co-producteur de l’assemblage documentaire et du territoire médiatique lui-même. Dans l’espace infiniment extensible du réseau, la propriété est ainsi postulée dans les conditions mêmes d’accès au territoire médiatique, chacun devant être avant toute chose propriétaire de son “adresse” et de son “domaine” en ligne.

Dès lors, la fonction de l’autorité régulatrice a bel et bien changée, là où il s’agissait, dans l’espace de la radio analogique, de partitionner un espace ouvert en zones privatisées, elle a désormais pour fonction de déterminer et d’organiser la communication entre des sphères privées. Idéalement, la loi s’efface derrière un principe d’auto-régulation, incarné en chaque point du réseau. Et dans les faits, les enjeux de légalité se déplacent vers la question de l’intégrité des identités en ligne et de la propriété intellectuelle des contenus.

Post-radio ?

Finalement, il semble qu’avant de se pencher sur la question de l’évolution des contenus d’un dispositif médiatique il soit nécessaire de s’interroger sur les régimes d’énonciation que celui-ci rend possible. De ce point de vue, la question radiophonique, à travers l’ensemble de ses dispositions médiatiques, de la FM aux ondes courtes, des Webradios à la RNT, devient peut-être celle de la pluralité des places et des statuts que la radio est à-même d’accorder à ceux qui parlent et à ceux qui écoutent…

Ainsi, la question de la “Post-Radio”, qui deviendrait en quelque sorte celle de la post-énonciation radiophonique, nous engagerait-elle à considérer, par exemple, l’avenir conjoint de la radio numérique et de la bande FM. L’abandon progressif de cette dernière par les médias dominants pouvant augurer, plutôt que sa disparition à d’autres profits, la possibilité de recomposer un véritable espace public radiophonique, propice à la prolifération des sujets d’énonciations, comme l’imaginaient Félix Guattari et Franco Berardi.

Crédits photos cc FlickR : gyst, Zellaby, t0msk, Un ragazzo chiamato Bi, bcostin, smif.

Article initialement publié sur Syntone.

]]>
http://owni.fr/2010/10/11/brouillages-les-territoires-radiophoniques-de-lanalogique-au-numerique/feed/ 1
Jiwa: La musique en ligne, un business de riches ? http://owni.fr/2010/08/03/jiwa-la-musique-en-ligne-un-business-de-riches/ http://owni.fr/2010/08/03/jiwa-la-musique-en-ligne-un-business-de-riches/#comments Tue, 03 Aug 2010 18:13:37 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=23784 Le 29 juillet dernier, le Tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire du site de musique en ligne Jiwa. «J’aime fréquenter Jiwa, un site commercial gratuit, où l’on peut trouver des millions de titres en écoute libre» déclarait le député Christian Paul (PS) en plein débats sur le projet de loi Création et Internet. Moins connu que Deezer, le site se distinguait notamment par le qualité de l’encodage, en récupérant directement les fichiers “Lossless“. Mais l’aventure a tourné court, et le site va devoir cesser son activité. L’information a été révélée ce matin par ReadWriteWeb, et confirmée à Owni par son PDG Jean-Marc Plueger.

La société Jiwa est co-fondée Thierry Rueda et Jean-Marc Plueger en 2006. Malgré leurs liens avec le milieu de l’industrie du disque — “on connaît très bien les directions des principales majors” — ils doivent attendre le 12 mars 2008 pour signer leur premier contrat avec Universal. Le site ouvre dès le lendemain. En mai 2009, ils annoncent une série de signatures avec des majors (Sony, EMI, Warner et Universal), des indépendants (Naïve et Pschent), des agrégateurs et avec Apple. Le site annonce alors un catalogue de 4,8 millions de titres et lance une V2.

En janvier dernier, interrogé par Electron Libre sur une “rumeur” de dépôt de bilan du site, Jean-Marc Plueger infirme l’information, et au passage livre quelques confidences sur les minimums garantis exigés par les majors pour l’exploitation de leurs catalogues. Ce qui a peu plu dans le milieu. Warner réagit en parlant d’informations “confidentielles et contestables”. Il déclare que Jiwa n’ayant “pas respecté ses obligations” il a “dû saisir le Juge des référés, lequel a effectivement condamné la plate-forme”, et décide de retirer son catalogue de la plateforme. Avec Sony, la major accuse également le site d’avoir lancé son activité “en violation” de leurs droits.

C’est également en janvier que Jiwa se réjouissait des perspectives offertes par le rapport de la mission “Création et Internet”, dit rapport Zelnik (pdf). Notamment de deux propositions. Celle d’étendre le régime de la rémunération appliquée à la radio hertzienne à la webradio, et celle de développer un régime de gestion collective des droits exclusifs pour les autres services (téléchargement de titres, streaming, etc.). La mission appelait alors l’ensemble des acteurs à se concerter et à opter pour un tel système “sous une forme volontaire”. S’ils ne parvenaient pas à un tel accord d’ici la fin de l’année 2010, elle menaçait alors d’instaurer un régime obligatoire par la loi.

Nous avons interrogé Jean-Marc Plueger, co-fondateur et PDG de Jiwa, à propos de cette fermeture, des minimums garantis (MG), et du futur des services de musique en ligne.

Quelle est la principale raison de la fermeture de Jiwa ? Les minimums garantis ?

Oui. Les minimums garantis, l’accès au catalogue, sont un problème pour nous et pour tout le secteur. Les contrats avec les majors sont très difficiles à négocier. Ils sont très longs à obtenir, et se font au compte-goutte. Et les paiements des MG sont très importants, et entravent le développement du site. Pour chaque type d’exploitation, les majors demandent un MG supplémentaire : il y en a un pour la diffusion streaming financée par la publicité, un pour un mode Premium, un si c’est pour une diffusion par mobile, etc. Toutes les nouvelles offres de musique en ligne doivent aussi faire face à deux concurrences énormes. Un poids lourd de l’offre légale avec Apple qui détient 70% du chiffre d’affaire de la musique en ligne en France. Et dont la part de marché continue à augmenter avec des exclusivités, par exemple sur l’iPhone. Et le piratage qui doit représenter plus de 90% de la consommation de musique en France.

Avoir dévoilé le montant des MG est mal passé…

Oui. C’est un milieu où personne ne communique les chiffres : ce que ça coûte, le montant des MG, etc. Aujourd’hui il y a quelque chose qui fait très peur aux majors, c’est la gestion collective. A tort ou à raison. Elles n’apprécient donc pas tout ce qui est communication sur leurs pratiques commerciales.

Et que pensez-vous du régime de gestion collective ?

Que du bien. Si on veut vraiment qu’il y ait du développement dans le secteur, c’est indispensable. Le fait de pouvoir accéder à un prix raisonnable aux catalogues.

Depuis la remise en janvier du rapport Zelnik les discussions ont-elles avancées ?

Un médiateur a été nommé, il s’agit d’Emmanuel Hoog, ancien président de l’INA et actuel président de l’AFP. Il a reçu les différents acteurs (les maisons de disque, etc.). Et on en est là.

Les majors sont vent debout contre le système de gestion collective

Cela peut-il évoluer ?

Aujourd’hui la situation est bloquée. Les majors sont vent debout contre le système de gestion collective. Elles sont très déterminées à ce que ça ne se mette pas en place. Alors que pour beaucoup d’acteurs d’Internet, c’est l’unique solution pour pouvoir avancer sur le sujet. Et on en arrive à une situation schizophrénique, par exemple à Vivendi où SFR est pour, et Universal contre. Dans le rapport Zelnik (pdf), il y a une menace de procéder à une solution législative. Il est dit «mettez-vous d’accord ou le législateur passera une loi d’ici la fin de l’année». Mais aujourd’hui, on a d’un côté les sites Internet qui ont beaucoup d’appétence pour ce régime, et de l’autre les majors qui sont totalement contre. Il faut qu’il y ait une volonté politique très forte. Donc la question est : y a t-il une vraie volonté politique ou non ?

Quel futur pour le marché sans cette gestion collective ?

S’il n’y pas de système de gestion collective, le marché va se concentrer de plus en plus. Les acteurs indépendants vont soit être revendus aux plus gros, comme c’est la cas avec Deezer et Orange, soit disparaître comme Jiwa. Et on aura plus que quelques acteurs essentiellement anglo-saxons. En Belgique par exemple, Apple détient 90% du chiffre d’affaires de la musique sur Internet. Et il n’existe même pas de version belge de l’Apple Store. C’est-à-dire que si vous êtes un artiste belge qui commence, vous n’avez aucune chance d’être mis en avant. Demain, la politique culturelle française en matière de diffusion dépendra t-elle de ce qui est décidé à Palo Alto ?

S’il n’y pas de système de gestion collective, le marché va se concentrer de plus en plus

Considérez-vous également avoir fait des erreurs stratégiques ?

Certainement. On a fait plein d’erreurs. Et il y a plein de choses qu’on ferait différemment. On ferait justement en sorte d’être moins dépendant des majors. En se concentrant sur les catalogues de musique indépendante ou sur les modes de diffusion qui bénéficient déjà d’un système de gestion collective comme la webradio avec la SCPP [Société Civile des Producteurs de Phonogrammes ndlr] et la SPPF [Société civile des Producteurs de Phonogrammes en France ndlr]. C’est beaucoup plus facile pour signer les contrats, et moins cher. Le rapport Zelnik propose d’ailleurs d’étendre le régime des radios hertziennes aux webradios.

Comment cela se passe t-il aujourd’hui pour Jiwa ? Vous avez annoncé une fermeture du site en plusieurs étapes…

Le tribunal du Commerce de Paris a prononcé le 29 juillet dernier une liquidation judiciaire “sans poursuite de l’activité”. On est en train de voir avec le mandataire judiciaire les solutions pour pouvoir laisser le site ouvert en stoppant l’écoute de la musique tout en laissant l’écoute des playlists en mode radio.

Une reprise du site est-elle envisagée ou envisageable ?

Je sais que des sociétés regardent le dossier. Mais est-ce que ça va aboutir… ?

Le gouvernement pointe souvent l’absence d’un maillage de petites entreprises françaises de services Internet. Quels ont été vos rapports avec le gouvernement ?

Une déception. En début d’année, les pouvoirs publics ont fait un ensemble de promesses pour aider les sociétés du secteur. On y croyait vraiment en janvier. Mais elles se sont toutes dégonflées comme des baudruches. Par exemple la Carte Musique Jeunes [l'une des propositions du rapport Zelnik ndlr] annoncée par Nicolas Sarkozy en janvier et qui devait être prête pour la Fête de la musique en juin. On y a passé des dizaines d’heures, une nombre de réunions incalculables, pour finalement nous expliquer un dispositif qui était une vraie usine à gaz. Et qui ne correspondait vraiment pas au mode de consommation de la musique en ligne aujourd’hui. On nous a annoncé que ça devait arriver le 21 juin, puis que c’était repoussé en septembre, et aujourd’hui que ça pourrait ne pas voir le jour du tout. On y a perdu pas mal de temps et d’énergie.

Un bilan de ces quatre années de Jiwa ?

La morale de l’histoire ? … Je ne sais pas. Quelqu’un à côté de moi souffle : «La musique sur Internet, c’est un business de riches». Je ne suis pas en désaccord.

Illustration CC FlickR par Stéfan

]]>
http://owni.fr/2010/08/03/jiwa-la-musique-en-ligne-un-business-de-riches/feed/ 5